TROIS SQUELETTES EN MAYENNE
Dans son édition du dimanche 20 Janvier 2019, le quotidien régional « Ouest-France » a publié un article intitulé « Les squelettes retrouvés en Mayenne ont parlé » (cf. l’article ci-dessous).
Article de Ouest-France 20-0I-2019.
Pour comprendre de quoi il s’agit en réalité, il nous faut remonter quelques mois en arrière. Au mois de novembre 2018 un couple d’habitants de la commune de Saint-Denis-d'Anjou dans le département de la Mayenne avaient entrepris de faire faire des terrassements pour implanter une piscine privée sur leur propriété. Quelle ne fut pas leur surprise de trouver trois squelettes à cet endroit.
Les Gendarmes prévenus avaient aussitôt envoyés les restes humains pour analyse à l’Institut des recherches criminelles de la Gendarmerie Nationale à Paris.
Les résultats viennent de tomber et le maire de la commune Louis Guédon en a été informé officiellement. Il s’agit de trois squelettes humains de sexe féminin, une femme et deux jeunes filles. « Ils datent de plus de 100 ans ». La semaine prochaine ils seront normalement inhumés dans une fosse du terrain communal dans le cimetière de Saint-Denis-d'Anjou.
On peut donc de ce fait, écarter totalement l’hypothèse qu’il aurait pu s’agir de personnes ayant succombé pendant la débâcle de 1940, l’occupation allemande ou la libération de 1944. En revanche le mystère reste entier concernant la date de leur mort à cet endroit, les circonstances de celle-ci, et leur identité. Aussi l’hypothèse qu’il s’agisse de victimes de la Guerre de Vendée entre 1793 et 1794 s’est elle renforcée !
Extrait de la carte de Cassini datant du XVIIIème siècle.
Comme on peut le voir sur cette carte ancienne (publiée ci-dessus) établie par le géographe Cassini à la fin du XVIIIème siècle (donc à la veille des Guerres de Vendée), Saint-Denis-d'Anjou est située à 10 kilomètres environ de la paroisse de Sablé-sur-Sarthe. Dans le bourg de cette dernière passait déjà à cette époque la grande route Laval-La Flèche. Or celle-ci a effectivement été empruntée par l’armée vendéenne et la population qui la suivait lors de la Virée de Galerne, vers le 29 novembre 1793.
Itinéraire de retour de le Virée de Galerne.
On se souvient que les Vendéens, tout d’abord vainqueurs à Torfou le 19 septembre 1793 avaient finalement été battus à Cholet le 17 octobre. Fuyant les exactions des armées bleus, ils avaient franchi la Loire à Saint-Florent-le Vieil le 18 octobre 1793 et s’étaient dirigés vers Granville pour prendre un port et recevoir du secours. N’y étant pas parvenus le 15 novembre, ils avaient pris le chemin du retour dans une errance entrecoupée de combats qui se déroulaient dans des conditions atroces. De cette manière ils étaient à Laval le 27 novembre et arrivaient à Sablé-sur-Sarthe le 29 novembre.
La ville de Laval, le château et le pont.
Nous avons interrogé à ce propos l’historien spécialiste de la Virée de Galerne, Pierre Gréau, pour avoir son avis. Voici sa réponse :
« Sans vouloir l'affirmer à cent pour cent, il semble bien que ces squelettes soient ceux de Vendéens de la Virée de Galerne.... Nombreux sont ceux qui quittèrent la colonne principale pour échapper aux hussards républicains, pour trouver à manger où s'abriter des intempéries. Perdus, affamés, trempés et gelés, ils sont morts loin des leurs. Requiescat in Pace ».
Ajoutons que dans le contexte tendu de l’époque elles ont sûrement été enterrées clandestinement, par conséquent en dehors du cimetière officiel.
Tableau du musée de Cholet représentant la Virée de Galerne.
Peut être viendrons nous à en apprendre d’avantage ?
En tous cas, nous nous permettons de souhaiter qu’une des associations de la Mémoire Vendéenne s’intéresse au sort de ces pauvres femmes et surtout à leur future sépulture dans le cimetière de Saint-Denis-d'Anjou. A titre d’information, dans le terrain communal au cimetière, la tombe pourra disparaître ou être réutilisée dans neuf ans !
Chantonnay, le 22 janvier 2019