LA CRÈCHE DE NOËL
Depuis la plus haute antiquité, la date du solstice d’hiver était un jour de fête, puisqu’elle marquait à la fois la nuit la plus longue et le premier jour où la lumière augmente. Les Romains y avaient placé les fêtes de Saturne, dieu de l’agriculture et des semailles, qui duraient trois jours. Ces saturnales avaient lieu du 17 au 18 décembre de notre calendrier grégorien actuel. Vers la fin de l’empire romain ce culte fut détrôné par celui de Mithra, autre dieu païen de la Lumière, importé de Perse, adopté à Rome et dans les pays celtiques. Au tout début du christianisme, la naissance de Jésus se célébrait selon les régions à des dates différentes, plutôt au printemps, entre février et mai. Les évangiles nous laissent d’ailleurs effectivement des indices laissant penser que c’était plutôt durant cette période de l’année.
La crèche monumentale dans l’église de Challans (85).
Dans la religion catholique, « une crèche de Noël » met en scène la nativité, c'est-à-dire la naissance de Jésus-Christ à Bethléem, conformément aux récits des évangiles dits canoniques et en particulier à Saint Luc.
Certains des « mystères », ces sortes de pièces de théâtre jouées au cours du Moyen-âge sur le parvis des églises, évoquaient déjà la nativité. Toutefois, c’est Saint François d’Assise qui est considéré comme le premier créateur d’une véritable crèche à Greccio en Italie pour la nuit de Noël de 1223. Il s’agissait d’une crèche grandeur nature avec des acteurs vivants mais tous les composants actuels étaient déjà là : l’enfant Jésus, la Vierge Marie, Saint Joseph, l’âne, le bœuf, l’étable, la mangeoire et les rois mages. Peu après, une première crèche non vivante a été réalisée en 1252 par un moine franciscain à Fussen en Bavière, mais avec des statues grandeur nature.
En réalité, la première crèche miniature, comme nous la concevons aujourd’hui, est apparue, en Europe centrale, à Prague en 1562. Et peu à peu l’habitude de construire des crèches pour Noël va se généraliser partout dans l’Europe catholique, principalement sous l’impulsion des Jésuites, pendant la période dite de la contre-réforme.
Et cela va d’ailleurs être une constante dans cette tradition, elle va connaître un regain de développement après chaque période de persécutions religieuses. Un peu comme si la construction de la crèche devenait inconsciemment comme le symbole de l’affirmation de l’identité chrétienne.
La reprise du culte après la Révolution (Vitrail des Lucs-sur-Boulogne).
Ainsi lors de la réouverture des églises après les persécutions religieuses de la Révolution française, les crèches réapparaissent à Noël et plus seulement dans les églises. Elles se font désormais un peu partout au cours du XIXème siècle dans les organismes et les collectivités mais aussi dans les maisons particulières, tout au moins les plus aisées.
Et c’est encore une persécution religieuse qui va présider à un regain d’intérêt pour les crèches. En effet après les différentes mesures anti catholiques de la IIIème République vers 1903, 1905 (interdiction d’enseigner, expulsion des congrégations, séparation de l’Église et de l’État, inventaires des églises) elles apparaissent peut être comme un refuge spirituel ou une preuve de résistance. En tous cas, la création de la crèche se démocratise au début du XXème siècle et apparaît désormais dans chaque foyer catholique ainsi que dans les collectivités territoriales. L’électricité lui apporte même un attrait esthétique supplémentaire.
La vente des Offrandes au Poiré-sur-Vie vers 1950.
Cette période du XXème siècle a laissé chez certains d’entre nous de solides souvenirs d’enfance, à commencer par le fameux papier rocher, ustensile indispensable pour confectionner une crèche à domicile. Mais il y avait aussi à l’église le tronc sous les traits d’un ange qui secouait la tête pour remercier quand on lui donnait une pièce. Une image totalement disparue est celle du sacristain, qui à la porte de l’église à la fin des offices, vendait aux enchères les dons en nature faits à la crèche, comme on le voit sur la photo ci-dessus dans la paroisse du Poiré-sur-vie vers 1950.
De ce fait, on peut penser que l’acharnement qui s’exerce depuis 2016, pour exiger le retrait des crèches des lieux publics où elles figuraient par tradition, ne ravive au contraire l’intérêt de leur présence.
JOYEUX NOËL A TOUS !
Ancienne carte de Noël.
Cette ancienne carte postale, datant des années 1920 environ est une carte dite à système. Le sabot constituant la partie supérieure est en lame de bois véritable. Le nœud rose est en fait une charnière qui s’ouvre et dévoile un texte imprimé sur le fond en carton ; celui-ci dit :
Puissent en ce jour de fête
Mes vœux, être pour vous
Le bien doux hommage
De ma tendre affection